A l’occasion du 100e anniversaire de la mort de Marcel Proust, la Bibliothèque nationale de France organise une exposition gratuite sur la fabrique de son oeuvre jusqu’au 22 janvier 2023. Ainsi cette exposition cherche à démontrer comment Marcel Proust s’y est pris pour écrire son chef-d’oeuvre A la recherche du temps perdu. Cette oeuvre fut écrite sur une longue période, ce qui aura des incidences sur la manière de l’auteur de rédiger et composer le texte, de 1908 à 1922.

Marcel Proust écrivait dans des cahiers, sur des bouts de papiers, par fragments, et non de façon linéaire. Fragments qu’il rassemblait ensuite de manière cohérente. Toute l’oeuvre est fondée sur le travail au long cours de l’élaboration du manuscrit, amplifié par le temps de l’écriture.

D’emblée, il ne pouvait être question d’une exposition sur La Recherche sans un passage emblématique sur la petite madeleine, objet premier de la réminiscence. Petite madeleine qui fut d’abord du pain rassis, puis grillé, une biscotte, avant de devenir cette madeleine tant convoitée, apportée successivement, au fil des différentes écritures, par la servante, la gouvernante, puis la mère du narrateur.

Du côté de chez Swan parut d’abord, alors que Gallimard l’avait refusé, chez Grasset à compte d’auteur, puis une deuxième version fut éditée chez Gallimard en 1919 – l’éditeur ayant compris son erreur de ne pas l’avoir édité auparavant. De la première version à la deuxième version l’oeuvre fut modifiée à maintes reprises en rapport avec la Grande Guerre. Ainsi Combray fut déplacé de la région de Chartres au front, dans la région de Lens et de Reims, là où les combats ont fait rage et où les destructions ont été importantes.

Quant à l’histoire du deuxième volume, A l’ombre des jeunes filles en fleur, elle est tout à fait exceptionnelle, rassemblant des brouillons, des épreuves corrigées et des épreuves de La Nouvelle Revue française en ensemble disparate qui sera assemblé en collages  et fera l’objet d’une édition de luxe avec ses planches à 50 exemplaires, vendues à 300 francs et dispersées dans le monde entier chez des collectionneurs.

L’un des grands personnages de l’oeuvre de Proust est le baron de Charlus. La théorie de Marcel Proust sur l’homosexualité tient sur la plus longue phrase du texte, elle comporte pas moins de 900 mots. Proust a beaucoup hésité entre deux modèles de l’homosexualité. L’un biblique, assez noir, en référence à la ville de Sodome ; l’autre, plus naturaliste, prise dans les théories de l’évolution de Darwin.

Quant à la grand-mère du narrateur, sa mort est révélée comme l’événement le plus émouvant du texte. Dans l’exposition, le moment évoqué est celui de la prise de conscience de cette mort par le narrateur un an plus tard. La rêverie involontaire d’un laçage de chaussure fait ressurgir le souvenir de la grand-mère et fait prendre conscience au narrateur de cette mort. Dans l’après-coup de l’écriture lui vient alors la version définitive de cette mort.

Plusieurs personnages d’A la recherche du temps perdu sont des artistes. A travers celui de Venteuil, Marcel Proust élabore sa conception de la musique, qui est aussi pour le narrateur, au fil de son parcours, une initiation. Venteuil est le compositeur d’une sonate et d’une septuor, marquée par une forme de nouveauté, par une explosion de couleurs et de sonorités.

La plus grande partie du fonds de la bibliothèque François Mitterand, consacrée à l’oeuvre de Proust, a été, pour l’essentiel, léguée par sa famille en 1965, suivie par diverses donations, qui sont autant de fragments pour comprendre la richesse de l’ensemble.

Pour plus d’information : www.bnf.fr, Tél : 01.53.79.59.59

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